« Le multi-local, nouvel échelon stratégique de la reprise économique. »

« La crise rebat les cartes de la globalisation vers une mondialisation régionalisée », analyse Mathilde Oliveau, commentant un sondage Ifop-Societer-l’Opinion mené régulièrement pendant la crise du coronavirus.

La seconde phase du déconfinement s’accompagne de premiers signaux de reprise. Cela ne signifie pas un retour au business as usual : comme l’explique Frédéric Dabi de l’Ifop, « Les Français identifient clairement deux leviers d’accélération de la reprise économique hexagonale. D’abord, une orientation stratégique « multi-locale » des entreprises : la relocalisation des productions ou le primat aux circuits courts sont perçus comme des engagements obligés des entreprises. Aux yeux d’une nette majorité de Français, la reprise passera également par une réinvention de l’organisation des modes de travail – avec notamment l’alternance entre phases de télétravail et présentielles. » Cette nouvelle géographie du travail passe par l’accélération digitale, avec en creux l’envie d’activer les leviers de souveraineté économique et industrielle.

La crise rebat les cartes de la globalisation vers une mondialisation régionalisée. Les dirigeants d’entreprises sont plus que jamais attendus pour réinvestir les territoires, échelon stratégique de la résolution économique, sociale et environnementale de la crise. L’enjeu, notamment pour les grands groupes, est de savoir s’intégrer pleinement dans les territoires, afin de créer de la valeur pour l’ensemble des écosystèmes locaux - communautés, partenaires, PME, TPE, ETI. Ce maillage contribuera aux preuves tangibles de l’engagement des dirigeants pour une relance durable.

Dans cette équation, les dirigeants de PME sont pleinement légitimes à s’engager en ligne avec les Objectifs du Développement durable de l’Agenda 2030 des Nations Unies. La réussite de la transition économique, écologique et solidaire passera par les territoires : c’est pour cela que le Global Compact France, association des entreprises à l’ONU, a placé les PME au cœur de sa stratégie, emmenant en septembre dernier à New York, à l’Assemblée générale des Nations Unies, une délégation de dirigeants de PME.

Au-delà du local, l’avenir sera multi-local. La tentation de repli persiste et appelle la vigilance : «La conquête de nouveaux marchés à l’international »ne représente que 7% des citations des Français quant aux mesures prioritaires de la relance. C’est aux dirigeants d’entreprises qu’il appartient de montrer qu’une 3e voie conciliant approches locales et internationalisation est possible. Il est urgent de créer un cercle partenarial vertueux pour fédérer les énergies des start up, grands groupes, collectivités publiques et associations comme le pressentent les Français pour entrer dans un nouveau monde en réseaux, ouvert, résolument collaboratif, avec en ligne de mire l’Agenda 2030.