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23/04/20 - Les Échos

Pas de « monde d'après » sans l'union de nos forces

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Pas de « monde d'après » sans l'union de nos forces

La pandémie de Covid-19 interroge de manière impérieuse nos modèles économiques, sociaux et environnementaux. Ce n'est qu'ensemble, à travers des coalitions innovantes entre toutes les parties prenantes, que nous pourrons envisager un avenir partagé et renouveler les solidarités. Voici la tribune des membres de la Coalition 10 %, co-signée par Aurélie Motta-Rivey, présidente de Societer, et Mathilde Oliveau, Directrice Générale de Societer.

Réfléchir autrement

La pandémie de Covid-19 a plongé le monde dans un désarroi inédit. Humain mais aussi économique, social et financier. Inégalités, vulnérabilités, non-durabilité : la pandémie accentue les failles déjà révélées par les autres crises (climatique, migratoires ou démocratiques) et interroge de manière impérieuse nos modèles économiques, sociaux, environnementaux.

A nouveau, le bien commun est menacé. Pour le préserver, nous voilà brutalement invités à réfléchir autrement : il est l'affaire de tous tant nous vivons désormais, Etats, collectivités, entreprises, société civile, individus, dans une profonde interdépendance de fait. Ce n'est qu'ensemble, à travers des coalitions innovantes entre toutes les parties prenantes, que nous pourrons envisager cet avenir partagé et renouveler les solidarités.

Esprit de coopération

Des initiatives courageuses sont prises chaque jour de façon concertée entre acteurs publics, privés et société civile. L'Etat français a ouvert son dogme budgétaire et multiplié les engagements afin de soutenir l'économie. Des entreprises, de toutes tailles et de tous secteurs, se mobilisent et innovent, pour apporter des solutions de proximité, adapter leur appareil productif et produire masques, gel, ou encore respirateurs. Elles révèlent ainsi leur agilité, leur capacité à faire pivoter leurs modèles afin de se rendre utiles à toutes leurs parties prenantes.

Les entreprises de l'économie sociale et solidaire, notamment, sont en première ligne face à la crise dans le médico-social, l'éducation, l'agriculture, l'assurance et la protection sociale, la banque… Nos concitoyens font également preuve de créativité, de responsabilité et de solidarité, révisant leur rapport à la mobilité et à la consommation, multipliant les entraides.

Cet esprit de coopération qui dépasse les clivages ne doit pas rester un simple élan conjoncturel auquel on rendrait ex post des hommages polis. Le réflexe collaboratif peut et doit perdurer. Il sera une ligne de force majeure du monde d'après. Nous ne pouvons imaginer, sous la pression d'impératifs de court terme, produire, consommer, travailler « comme avant ». Retomber dans des réflexes anciens aurait des conséquences dramatiques : à la prochaine crise l'humanité pourrait ne pas se relever.

Virage économique, écologique et inclusif

Bien avant cette crise, nombre de dirigeants et d'entreprises se sont engagés dans un virage économique, écologique et inclusif. Ils ont cultivé en pionniers la vision d'une économie contributive - réfléchissant à la transformation de leurs modèles d'affaires pour une croissance régénératrice, soutenable, partagée. Cette ambition est au coeur de la Coalition « 10 % pour tout changer », lancée au sortir du vote de la loi Pacte : faire de la raison d'être un moyen de renouveler l'économie et de créer de nouvelles coopérations. La Coalition se met au service des nombreux acteurs qui se mobilisent, parfois depuis longtemps. Elle souhaite promouvoir de nouveaux leviers d'action et de transformation pour une révolution économique, écologique et sociale.

A l'échelle territoriale, nationale ou internationale, les entreprises actent la nécessité de mener ensemble cette transition. La crise actuelle et la préparation de sa sortie valident l'actualité et la pertinence de cette approche collaborative.

Pouvoirs publics, entreprises, organisations syndicales, société civile : le bien commun dépend désormais de notre capacité à infléchir nos normes, à adapter notre action et à former des coalitions nouvelles. Nous vivons là une opportunité historique d'inventer et permettre le « monde d'après ». Ne la laissons pas passer, saisissons-la avec force et détermination.