Retour

Tribune

11/11/19 — JDD

Paris réinvente le multilatéralisme diplomatique et économique

Tribune

Paris réinvente le multilatéralisme diplomatique et économique

Brune Poirson, secrétaire d'Etat auprès de la ministre de la transition écologique et solidaire, Bertrand Badre, ancien directeur général à la Banque mondiale et PDG de Blue like an Orange Sustainable Capital, et Aurélie Motta-Rivey, vice-présidente de l’Association française pour les Nations Unies et présidente de Societer, estiment que Paris est devenu le centre d'un "nouvel ordre mondial".

Le coup d’envoi de la seconde édition du Paris Peace Forum sera donné ce lundi 11 novembre à Paris. Pendant trois jours, il réunira dans la capitale l’ensemble des acteurs de la gouvernance mondiale - États et organisations internationales, entreprises, et représentants de la société civile, pour apporter des solutions collectives à nos défis planétaires - paix, environnement, éducation, développement, autant de combats si colossaux que nul ne peut plus remporter seul. En 2018, le premier acte de ce Forum lancé à l’initiative du Président Macron avait réuni autour du chef de l’État et du Secrétaire Général de l’ONU António Guterres une assemblée impressionnante - 70 chefs d’État, dont la chancelière Angela Merkel, le canadien Justin Trudeau et le russe Vladimir Poutine, ainsi que des centaines de représentants de grands groupes, start-ups, ONG, groupements religieux, associations, think tanks ou universités.

De la COP 21 au Green Climate Fund, Paris est en train de s’affirmer comme l’incubateur de ce nouvel ordre mondial.

L’objet, ici, est essentiel : il n’y aura pas de paix aujourd’hui ni demain sans prendre à bras le corps les grandes questions qui la soutiennent - changement climatique, gestion des ressources, migrations, inégalités sociales, égalité femmes-hommes, accès à l’éducation, sécurité digitale… Ces enjeux cruciaux, repris dans les 17 objectifs du développement durable fixés par l’ONU à horizon 2030, relèvent d’une diplomatie préventive : tous doivent être résolus si l’on refuse par exemple que chaque année, un enfant sur cinq vive en zone de guerre ou que 25 millions de personnes soient déplacées pour cause de conflit. Mais la méthode compte-là autant que le fond - où l’on voit Paris devenir le centre de gravité d’une nouvelle forme de gouvernance mondiale, la seule en réalité qui puisse répondre à ces défis mondiaux : un nouvel "open-latéralisme" réunissant autour de la table l’ensemble des acteurs publics et privés, qui renouvelle à la fois un multilatéralisme à bout de souffle et un capitalisme en besoin urgent de se réinventer.

De la COP 21 au Green Climate Fund – "fonds vert" des Nations Unies pour le climat, qui réunissait il y a quelques jours à Bercy 27 pays pour une levée de fonds de 10 milliards d’euros, Paris est bel et bien en train de s’affirmer comme l’incubateur de ce nouvel ordre mondial, sous la double impulsion de ses pouvoirs publics et de dirigeants d’entreprises visionnaires.

A quelques semaines d’une COP 25 relocalisée à Madrid, souhaitons de toutes nos forces que cet "open-latéralisme" fasse école.

La France s’est en effet placée aux avant-postes d’une nouvelle diplomatie collaborative, du One Planet Summit au dernier G7 de Biarritz, relayée par une succession d’initiatives visant à créer des coalitions alternatives agiles : OnePlanetLab, Pact for Impact, Initiative pour la Croissance Inclusive, engagement du secteur de la mode en faveur de l’environnement, comité consultatif sur l’égalité femmes-hommes…

Ces initiatives trouvent leur écho du côté privé, grâce à des chefs d’entreprise lucides et engagés pour transformer le capitalisme, afin qu’il ne soit plus "mark to market" mais "mark to planet" : soucieux d’impact sociétal et de performance globale, cette nouvelle génération de dirigeants français prend des décisions courageuses pour une croissance réparatrice, génératrice de valeur pérenne dans un monde sous contrainte.

Ce sont toutes ces énergies – issues du public, du privé et de la société civile, qui vont à nouveau converger à Paris cette semaine. A quelques semaines d’une COP 25 relocalisée à Madrid en raison des tensions sociales qui agitent le Chili et du 50e anniversaire du Forum de Davos, souhaitons de toutes nos forces que cet "open-latéralisme" fasse école : seule l’action collective, alignée avec l’agenda 2030 des Nations Unies, permettra de construire l’avenir. Le regard des nouvelles générations nous oblige."