Retour

Tribune

02/09/20 - L'Opinion

« Transition écologique : l’heure n’est pas à la relance, mais au reset. »

Tribune

« Transition écologique : l’heure n’est pas à la relance, mais au reset. »

« Nous abordons une décennie décisive, celle d’une déflagration sociétale et environnementale. L’entreprise et les acteurs économiques, en particulier, sont projetés en première ligne de ces défis. »

Une décennie décisive

Ce jeudi, le Premier ministre Jean Castex présentera le plan de relance prévu par l’exécutif suite à la pandémie. Les grandes lignes de ce plan, auquel sera allouée une enveloppe de 100 milliards d’euros, sont déjà connues : indépendance, écologie, solidarité, compétences. Cette approche intégrée est encourageante. Elle ne portera ses fruits toutefois qu’à une condition : dépasser l’idée même d’une simple « relance » – par nature conjoncturelle, pour acter la réalité de ce qui nous attend collectivement : une profonde refondation des modèles économiques et sociaux, un repositionnement structurel de nos façons de produire, travailler, consommer.

Nous abordons une décennie décisive, celle d’une déflagration sociétale et environnementale. L’entreprise et les acteurs économiques, en particulier, sont projetés en première ligne de ces défis. Pour saisir cette opportunité sans précédent de reprogrammer durablement nos économies, le plan de relance et son application devront déjouer plusieurs écueils. Le premier serait celui de l’agenda politique : la reconstruction de nos modèles productifs et de notre pacte social ne saurait se borner à l’horizon 2022. Le second, connexe, serait celui du court-termisme économique : la nécessité, légitime, de prendre toutes les précautions sanitaires nécessaires pour contenir la pandémie et la redynamisation progressive d’une économie encore sous perfusion ne doivent pas nous faire oublier de parler du monde d’après, encore moins de le préparer. Troisième écueil enfin : la défiance et la morosité, alors que nous entrons dans l’ère de l’incertitude.

Climat récessif

L’état d’esprit sera dès lors déterminant : dans un climat récessif, il est de la responsabilité des dirigeants d’avoir le courage de penser le long terme, d’insuffler optimisme et sérénité, de s’engager à faire de cette crise une opportunité unique de transformer business et operating models. N’oublions pas que la « croissance potentielle » ne cesse de diminuer. Qu’au printemps, la production mondiale a chuté de 10 %, que les échanges ont dévissé de 14 %, et que selon les économistes, il faudra plusieurs années pour retrouver une croissance égale à celle des années 2010. Qu’outre les dégâts économiques, la gouvernance mondiale s’est affaiblie, au profit d’un repli national galopant.

La séquence fait émerger des initiatives innovantes, comme la création d’un impact scoreprésenté par l’Université d’été de l’économie de demain – par lequel les entrepreneurs sociaux, réunis dans le collectif #nousommesdemain, se mobilisent pour intégrer des mesures de transition environnementale et sociale au plan de relance.

Plus largement, cette refonte structurelle de nos modèles repose sur des dynamiques fondatrices : intégrer les critères environnementaux et sociaux dans l’évaluation de la performance, adopter une approche collaborative fédérant toutes les énergies, privé, public, société civile, renforcer le dialogue entre grands groupes, start-ups, PME, cibler l’innovation à impact et tirer toutes les leçons que nous apportent nos start-up purpose-native… Dans cette nouvelle équation, il sera capital également de redonner le pouvoir au local : les territoires, comme le soulignent avec force les Nations Unies dans leurs 17 Objectifs de Développement durable, sont l’échelon clé de la transition écologique et solidaire globale.

L’heure n’est pas à la relance, mais bien au « reset ». Nous n’avons plus le loisir de seulement « réparer », il faut régénérer.